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Immersion à Rio+20 : une société civile exclue

17 Juil

Un article signé Suhayla Khalil

Et voilà, c’est fini! Malgré l’intense préparation des délégations de la société civile et des gouvernements des différents pays du monde, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 se termine dans une ambiance incertaine sur le futur que nous voulons.

Notre expérience sur le terrain en tant que partie intégrante de la société civile accréditée nous a permis d’avoir un regard plus critique sur le processus des négociations  des conférences de l’ONU. En effet, à Rio nous avons assisté à un processus de négociation fermé, conduit par des délégations diplomatiques et auquel la société civile n’a eu aucun accès. Cette dernière s’est retrouvée en marge de la discussion principale ; le Sommet des Peuples, organisé par les représentants de la société civile brésilienne, a eu lieu au parc de Flamengo, à 1h au moins en bus de la Conférence officielle qui était elle-même très excentrée du centre de Rio de Janeiro et peu accessible. Même s’il faut reconnaître que certaines activités dédiées à la société civile, telle que les « Dialogues » ou les « Side events », ont été organisées à Rio Centro (lieu qui accueillait la Conférence officielle), ces initiatives sont restées déconnectées des négociations et n’ont pas produit de propositions intégrées dans le texte final. Cette exclusion a généré un sentiment de frustration croissant et généralisé parmi les divers acteurs de la société civile présents.

Plusieurs autres facteurs ont contribué à accroitre cette insatisfaction sur place. Premièrement et contrairement aux autres événements de cette ampleur organisés par l’ONU, les journalistes n’ont pas accédé aux pavillons des délégations officielles ce qui a rendu la diffusion des informations difficile. Ensuite, de nombreux chefs d’état, comme Barack Obama et Angela Merkel ne se sont pas déplacés pour participer aux négociations, ce qui a fragilisé politiquement la conférence. Troisièmement, les négociations ont été achevées par les négociateurs et le texte final rédigé avant même que les chefs d’États n’arrivent à Rio. Le texte final n’a recueilli qu’un consensus de 30% entre les Etats, ce qui a engendré la disparition d’un nombre important de paragraphes essentiels. On découvre ainsi des Etats de moins en moins enclins à la négociation et au compromis, des Etats qui se concentrent sur les intérêts nationaux et qui restent toujours très influencés par les intérêts de leurs grandes entreprises, « la crise n’aidant pas ».

Dans un tel scénario, nous avons  l’obligation de réfléchir au futur que nous voulons. Mais avant et pour que ce futur soit réalisable, il faut inévitablement réviser les règles du jeu international. Cela signifie démocratiser le processus de décision dans les institutions internationales, en garantissant la vraie participation de la société civile  à travers des canaux de participation réels. Il faut notamment soutenir une plus grande présence des représentants de la société civile des pays en développement. Enfin, il semble important de garantir la transparence des négociations, avec un plus grand accès de la presse d’information aux salles des délégations officielles.  Ce qui se passe en réalité, c’est que nous laissons  des équipes de technocrates et des gouvernements qui semblent uniquement sensibles aux appels des grandes entreprises continuer à définir seuls, et sans nécessité de rendre compte de leur décisions, l’avenir « que nous voulons ».


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« Un vrai défi »

10 Juil

Retrouvez ci-dessous l’interview de Lina Buscail pour le numéro d’août-septembre du journal de la Ligue de l’enseignement, Les idées en mouvement !

Lina Buscail, 25 ans, partie avec la délégation « la parole des jeunes à Rio + 20 », est revenue avec un petit sentiment d’inachevé. Toutefois, elle se réjouit de l’effervescence qui a animé le forum alternatif de la conférence : le Sommet des Peuples.

Les Idées en mouvement : Pourquoi avoir choisi d’intégrer cette délégation de jeunes ?

Lina Buscail : Adhérente à la Ligue de l’enseignement, j’ai récemment contribué à la mise en place au sein de la fédération du Var d’un Agenda 21 et d’Agendas scolaires. De plus, ma formation en écologie et en sciences de l’environnement font que je suis d’emblée sensible aux problématiques du développement durable.

Un rendez-vous tel que le Sommet de la Terre est un véritable enjeu selon moi, écologique bien sûr, mais également politique et social. Les défis à relever sont grands. Personnellement, je milite pour développer un pôle international de recherche et de développement sur les énergies renouvelables. Je suis en outre favorable à la création d’un tribunal international sur l’environnement. En effet, aujourd’hui, ça n’a vraiment pas de sens de nier les conséquences de l’activité humaine sur l’écosystème.

Pouvez-vous nous présenter la délégation ?

Les jeunes avaient des parcours vraiment différents. Certains travaillaient déjà sur la question du développement durable ou disposaient de solides compétences, tandis que d’autres connaissaient simplement le concept. J’ai trouvé cette mixité salutaire. La diversité a rendu la délégation très riche humainement. Qu’importe le profil de chacun, la motivation était bien présente : elle pouvait être personnelle, professionnelle mais elle était avant tout citoyenne.

Comment s’est déroulé votre séjour et surtout êtes-vous parvenus à porter vos 15 propositions ?

Pour nous approprier le Sommet des Peuples, il nous a fallu un peu de temps. Concernant la participation de chacun aux différents travaux, nous avons choisi de nous répartir en petits groupes pour recueillir un maximum d’informations, réaliser des interviews et rendre compte des 15 propositions que nous portions au nom des jeunes (1).

Vous avez notamment organisé un débat international sur le thème « crise économique : l’importance des valeurs du développement durable dans les choix de carrière personnels ». Qu’en avez-vous retiré ?

Pour animer ce débat, nous avons fait appel à des techniques participatives. Ce qui a très bien fonctionné puisque les scolaires que nous avions sollicités ont eux-mêmes invité une autre classe rencontrée par hasard, si bien que ce sont près de 80 personnes qui ont assisté au débat  ! J’ai ressenti une réelle envie de participer, autant de la part des enfants que des jeunes. Chacun semblait attentif et concerné par la problématique proposée. Ce qui me laisse penser que la société civile était bien là pour créer du lien, échanger et avancer des propositions en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail dans le monde. Les valeurs à défendre semblaient partagées par tous : Brésiliens, Français comme Américains. Et même si les négociations officielles n’ont pas abouti, le débat a constitué pour moi une expérience extrêmement positive.

Justement, de nombreuses organisations de la société civile ont dénoncé l’adoption d’un texte sans vision ni ambition pour « le futur que nous voulons ».

Malgré le fiasco annoncé, avant même la tenue de la conférence il me semble qu’il y avait – et qu’il y a encore aujourd’hui – un vrai enjeu quant à la place laissée à la société civile. Le sommet officiel ne se trouvait qu’à une heure du Sommet des Peuples qui, lui, regorgeait d’idées et de propositions réfléchies, issues des populations du monde entier. Dans quelle mesure les gouvernements ont-ils su les écouter et s’en inspirer  ? Pensant d’abord à leurs propres intérêts, les gouvernements sont restés englués dans une sorte d’inertie. Voilà notre principale déception.

Globalement, que retenez-vous de cette expérience citoyenne ?

Comprendre le mécanisme et la logique des décisions prises à un niveau international s’est révélé très enrichissant. Nous avons vécu de belles rencontres, des échanges intéressants. Quant aux intervenants, ils étaient bien plus impliqués et acharnés que je ne l’aurais cru  !

Toutefois, compte tenu des enjeux actuels liés au climat, j’ai trouvé choquant que certaines grandes nations ne soient pas représentées. Cela me semble assez grave, ne serait-ce que symboliquement. Et ne parlons pas de l’empreinte carbone du Sommet officiel, avec son immense complexe isolé, lumineux et énergivore.

Cependant, je pense que chaque temps de rencontre mondial, même s’il est compliqué et coûteux à organiser, a son importance. Renforcer la communication entre les différents États mais aussi entre la société civile et les gouvernements est toujours utile. Et les engagements tant espérés doivent bien être initiés et discutés pour être adoptés ensuite. D’ailleurs, la conférence mondiale sur le climat de 2015 à Durban semble de ce point de vue assez prometteuse.

Concernant la délégation, on peut dire qu’un groupe a véritablement vu le jour, et la séparation s’est du reste révélée difficile. Heureusement, les moyens de communication ne manquent pas et nous avons déjà prévu de nous revoir pour mettre en forme nos idées et proposer un après-Rio + 20 que la Ligue de l’enseignement pourra se réapproprier.

(1) Les 15 propositions sont le fruit de réflexions menées par des jeunes dans le cadre de débats organisés par la Ligue de l’enseignement, dans les régions et au niveau national en amont du Sommet de la Terre.

Propos recueillis par Laurianne Condette

Le développement durable, un luxe ?

26 Juin

Une brève très personnelle des jeunes de la délégation :

Nous avons assisté à une belle leçon de vie. A l’heure où certains pays se préoccupent d’orienter leurs politiques de développement vers une durabilité économique, sociale et environnementale, d’autres lancent un appel à l’aide internationale pour pouvoir sortir de l’occupation et de la guerre afin de commencer enfin à penser leur développement.

A Rio+20, la conférence internationale pour le développement durable de l’ONU, ce ne sont pas moins de 198 pays qui sont venus négocier des accords cadre d’engagement reposant sur un objectif commun d’économie plus verte. Mais certains veulent juste une chose : la paix.

Face à un tel décalage entre les États, nous ne pouvons que nous questionner : lorsque les négociations portent plus sur les termes employés et sur la forme que sur le fond, nous nous demandons si la liberté des peuples, le droit de chaque individu à vivre, à pratiquer sa religion, à croire en ses convictions et à pouvoir les exprimer librement ne devraient pas être les grandes priorités pour tous les gouvernements.

En tant que jeunes citoyens de ce monde, conscients de la chance que nous avons de pouvoir nous exprimer et vivre librement, mais aussi et surtout de n’avoir jamais connu la guerre, nous proclamons «Assez de discussions, passons à l’action !»

Les limites de l’économie verte

25 Juin

Un article co-écrit par Emilie De Bonneval-Bargo et Elise Soulier :

Dans le cadre d’une rencontre entre différents acteurs ayant eu lieu au Sommet des Peuples, nous avons eu l’occasion d’écouter les arguments d’un représentant de l’ONG sénégalaise ENDA Tiers-Monde concernant le développement durable en Afrique.

Cet organisme, créé en 1972, travaille notamment sur les liens entre environnement et développement dans les pays du Sud. Comme un peu partout dans le monde, les notions de “développement durable” puis “économie verte” ont  fait leur apparition au Sénégal. Tout comme d’autres concepts forgés au Nord, le problème de leur adaptation au Sud se pose.

Si le “développement durable” a permis beaucoup de progrès sur le continent africain, celui “d’économie verte” est plus problématique, notamment parce qu’il ne fait pas l’objet d’une définition claire et précise. Il renvoie en fait à deux modèles économiques très différents:

  • Le premier voit l’environnement comme un facteur de production de richesses (vision adoptée par l’Organisation de Coopération et de Développement Économique par exemple),
  • Le second se pose en alternative au modèle actuel en promouvant une “économie qui entraine une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources” (vision du Programme des Nations Unis pour le Développement par exemple).

 Pour le représentant de l’ONG Enda Tiers-Monde, ce concept ne doit pas accorder la priorité à l’économie au détriment du social. En effet, il ne faudrait pas opérer un retour en arriere par rapport au développement durable qui, est-il utile de le rappeler, est fondé sur trois pilliers: l’environnement, l’économie et le social. Se concentrer uniquememt sur le volet économique, comme peut le sous-entendre cette conception de l’économie verte, serait une régression majeure.

Il y a une incohérence dans la façon d’appréhender cette volonté de changement et d’amélioration. Ne faut-il pas d’abord définir ce vers quoi l’on souhaite aller ? Une transition, oui, mais laquelle et pour quel futur ? Le choix des moyens pour atteindre ces objectifs ne vient qu’après même si cette dimension est aussi importante. Pratiquer la démarche en sens inverse est une aberration même si cela se fait souvent aujourd’hui.

Enfin, pour qu’elle soit bénéfique la mise en œuvre de “l’économie verte” doit être accompagnée de réels changements dans les modes de gouvernance.

Pour illustrer ses propos, le représentant de cette ONG a développé deux exemples.

Il a d’abord parlé des panneaux solaires en Afrique subsaharienne. A première vue, il semble évident d’utiliser l’énergie solaire et de valoriser cette ressource naturelle. Toutefois, si ces panneaux ne sont toujours pas produits localement, cela n’a plus de sens. Certes, il y a création d’emplois et de richesses mais cela se fait de nouveau au détriment des pays africains et de ses habitants qui ne seront que des consommateurs. Il faudrait que l’Afrique puisse investir et produire elle-même dans les domaines clés qu’elle identifiera en fonction des réalités locales. Ainsi, elle pourra peut-être enfin trouver une position favorable dans la système économique mondial et stopper la fuite des capitaux vers l’extérieur.

Il a également abordé la question de la production de coton biologique au Burkina Faso. Cela constituerait une bonne initiative à condition que le produit final soit compétitif sur les marchés internationaux. Pour cela, il faut avant tout régler la question des subventions pratiquées par les États-Unis. Un exemple des réformes à mettre en œuvre pour l’économie verte puisse être un concept porteur de développement durable.

 Le représentant de l’ONG achève son intervention en disant que l’ensemble des ces constats l’amène à parler de “transition économique respectueuse des enjeux environnementaux” plutôt que “d’économie verte”.

Le développement durable comme réponse à la crise

25 Juin

Un article d’Elise Soulier :

Pour son premier jour au sein de la conférence « Rio + 20 », la délégation de jeunes de la Ligue de l’enseignement s’est rendue aux Dialogue Days. Ces moments de discussion consacrés à des échanges entre différents acteurs de la société civile permettent d’aborder certains thèmes et, par le biais d’un vote collectif, de décider de certaines propositions qui seront faites aux chefs d’Etat lors des discussions officielles.

Des jeunes ont notamment assisté à un Dialogue Days dédié au développement durable comme réponse à la crise économique et financière. Différents experts ont exprimé leur point de vue sur dix propositions en précisant celles qu’ils jugeaient les plus pertinentes et urgentes a traiter. Après deux heures trente d’échange sur l’éducation, la réforme fiscale, les échecs de la Conférence de Rio en 1992, la place de la société civile et le PIB, le résultat des votes a donné place aux trois propositions suivantes:

  •  Créer une taxe sur les transactions financières internationales en vue de contribuer a la création de fonds verts pour la promotion d’emplois décents et d’une technologie propre;
  • Éduquer les futurs dirigeants au développement durable;
  • Supprimer l’utilisation du PIB comme outil de mesure du progrès social

La place de l’argent et de économie est telle dans nos sociétés qu’il n’est pas étonnant que la première proposition choisie (a 37,5 %) concerne les transactions financières et leur taxation. Notons également l’importance (et réjouissons en nous) qui semble vouloir être donnée à l’éducation (proposition votée a 35,3%). Éducation des dirigeants mais également éducation de tous les citoyens du monde car c’est d’abord par la prise de conscience et l’investissement de chacun que les évolutions peuvent se faire. Enfin, il semblerait qu’il y ait une volonté de replacer l’Homme au cœur du débat en ne considérant plus le PIB comme un indicateur de son bien-être. En effet, le PIB juge l’état de l’économie d’un pays et sa croissance mais il connait de réelles limites lorsqu’il s’agit d’évaluer en terme de qualité et non pas de quantité.

Sustainable Development as an Answer to the Economic and Financial Crises

•  Encourage businesses to adopt sustainability standards, such as the United Nations Global Compact principles

•  New institutions should be created to steward and manage the global commons and adopt commons-based economic models.

•  Educate future leaders about sustainable development (PRME Initiative)

•  Ban the use of Gross Domestic Product (GDP) as a measure for social progress

•  Promote collaboration across sectors and at the local level to address financial crises

•  Moving towards a green economy must become a strategic economic policy agenda for achieving sustainable development.

•  Promote inequality reduction as a major goal in the agenda of international organizations

•  Promote Ecoservices Payment Mechanisms

•  Promote tax reforms that encourage environmental protection and benefits the poor

•  Create a tax on international financial transactions with a view to contributing to a Green Fund in charge of promoting decent jobs and clean technologies

D’une gouvernance fractionnée à une gouvernance partagée

25 Juin

Un article signé Vanessa Gordillo et Emilie De Bonneval-Bargo :

Étant donné l’ampleur et la diversité des enjeux liés au développement durable (économiques, sociaux et environnementaux), il est indispensable de mettre en œuvre des processus de décision partagés. Toutefois, cela ne signifie pas qu’une décision soit prise unilatéralement par un groupe d’individus ou quelques acteurs collectifs. Il s’agirait plutôt de systématiser la participation de tous: citoyens, représentants de la société civile (associations, organisations syndicales et patronales, organisations non gouvernementales, comités locaux et municipaux, etc.), entreprises et organisations publiques. L’idée est donc que les politiques de développement durable soient mises en œuvre par l’ensemble des acteurs concernés.

 Lors de la Conférence Rio + 20 sur le Développement durable, la conception de cette gouvernance partagée a été discutée par de nombreux intervenants. Un certain nombre de points de vigilance ont été mis avant.

Premièrement, au niveau local une telle méthodologie doit permettre une implication et une responsabilisation croissante des citoyens. Des demandes pourront émerger et la prise en compte du développement durable deviendra un réflexe quotidien.

Deuxièmement, les organisations publiques et privées doivent accepter de jouer le jeu de la transparence concernant leurs objectifs, leurs ressources et leurs impacts. Cela permettra d’instaurer un climat de confiance entre les différents acteurs.

Troisièmement, cette implication croissante des citoyens ne doit pas provoquer un désengagement du secteur public et des organisations internationales. Si les acteurs locaux connaissent mieux les priorités et réalités territoriales, les acteurs collectifs ont un rôle majeur à jouer en termes de coordination et de financement.

 Certes, la mise en réseau nécessite une réelle coordination des acteurs mais la divergence de points de vue n’est pas pour autant un obstacle au consensus. De la diversité des approches naissent des politiques publiques innovantes, adaptées à différentes échelles (locales, nationales, internationales) et respectueuses des différents enjeux du développement durable.

Oublis et incohérence de Rio+20

25 Juin

Un article de Vanille Jacquemin et Coline Baty :

La première journée au « Rio Centro » (lieu de la conférence officielle Rio + 20) fut fructueuse. Si nous applaudissons l’organisation frôlant la perfection et le service impeccable – bonus pour le service des objets trouvés qui a supporté plusieurs fois, et avec le sourire, notre requête redondante, concernant une perche maudite –  nous ne saluons que guère les performances de tous les intervenants et notons beaucoup d’incohérences dans le centre.

La matinée consacrée à une conférence sur l’intergénérationnel n’était en réalité qu’un concentré de « coups de gueule » sur Rio+20 lui-même.  Loin du thème fixé, les intervenants ont signifié que de nombreuses questions ont totalement été écartées des dits-débats. Tel est par exemple le cas de l’architecture durable, du changement climatique, de la gouvernance locale et des énergies.

Par ailleurs, le projet de document final proposé par le Brésil fait polémique. Une pétition circule et les discussions sont animées. Les raisons ? Ce texte ne fait pas le lien entre le social et l’écologie, il ne fait mention que des marchés et de la croissance dans le chapitre sur l’économie verte, il a réduit la place accordée à l’eau et il n’aborde ni la participation des citoyens, ni la biodiversité. De plus, aucune donnée chiffrée ni calendrier prévisionnel n’apparaît dans le texte. C’est une liste d’idées au lieu d’être le point de départ d’un processus de changement.

Les États-Unis et le Canada, en freinant l’avancée des négociations, provoquent l’annulation de nombreux débats. Nous en profitons pour aller nous ravitailler et, qu’elle surprise, nous découvrons des couverts en plastique non réutilisables, des canettes individuelles et une climatisation à outrance (propre à tout Rio) dans des bâtiments aux portes constamment ouvertes. L’abondance d’écrans de télévision et d’appareils électroniques constamment allumés, même lorsque les conférences sont terminées nous surprend également. Tout cela est frappant et discrédite fortement la mise en pratique des principes d’économie d’énergie qui constitue pourtant l’une des idées phares du développement durable.

Abondance de déchets ne nuit pas ?

Économie d’énergie, une utopie ?

Toutefois ces anecdotes sont moins graves que d’autres erreurs grossières telles que les poubelles décorées d’un symbole erroné (celui de « l’Ecotaxe » au lieu du symbole « Recyclage »).

Nous notons aussi le grand nombre de voiturettes (cela dit électriques) sillonnant les chemins. Qu’il est difficile de marcher deux minutes entre deux bâtiments pour des personnes qui n’ont pourtant pas de problème de mobilité ou un âge justifiant de tels aménagements. Ce sont souvent de frais gaillards en costumes qui en profitent.

Ajoutons à tout cela les écrans et les lumières qui ne s’éteignent jamais, l’absence de poubelle dans les salles et des voies d’accès pour les handicapés inadaptées mais qui donnent bonne conscience à nos hôtes.

Bref, si pratiquer le « jeu des sept erreurs » apporte un côté ludique à ces conférences et “dialogues” (où il y a trop peu d’échanges malheureusement), l’amusant devient ridicule, sinon triste.

Nous pensions avoir une bonne surprise au Sommet des Peuples mais, malheur à nous, l’évènement alternatif commet également ses erreurs.  Un jus de fruit y coûte deux fois plus cher qu’en centre ville, certaines tentes ouvertes sont également climatisées, la vente de bouteilles en plastique est trop importante, sans parler du manque d’accessibilité (défaut d’information, non aménagement pour les personnes à mobilité réduite, etc.). Ainsi, le public se perd facilement et ne connaît que rarement le programme. Le manque d’information fait surement rater à beaucoup des actions et débats pourtant intéressants.

Il faut également noter que le sommet des peuples se trouve au bord de la plage et que nombreux sont les vendeurs ambulants qui ne sont pas du tout sensibilisés aux thématiques de développement durable. Nous avons ainsi pu voir les cartons et les bouteilles en plastique se mélanger aux déchets non recyclables. L’écart est frappant et nous fait nous interroger sur l’efficacité réelle de ce sommet.

Bien que nous soyons critiques à l’égard du Sommet des peuples et de la conférence des Nations Unies, il faut reconnaître qu’il s’agit d’évènements internationaux et que la logistique est forcément difficile à parfaire. Il faut en effet prendre en considération la diversité des acteurs présents ainsi que les contraintes induites par l’accueil de 50.000 personnes environ. Certaines aberrations auraient pu être évitées en ajoutant des poubelles adaptées, en utilisant des verres consignés et en sensibilisant plus les participants.

Un tel sommet n’est-il pourtant pas censé montrer l’exemple ?