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Quel travail pour demain ?

18 Juil

Ca y est ! Les paroles récoltées par la délégation lors du porteur de parole du 18 juin au Sommet des Peuples sont disponibles !

Les participants du Sommet des Peuples ont répondu à la question suivante :
– Quel travail pour demain ?

Découvrez les réponses récoltées :

Découvrez le nuage de mot correspondant !

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Immersion à Rio+20 : une société civile exclue

17 Juil

Un article signé Suhayla Khalil

Et voilà, c’est fini! Malgré l’intense préparation des délégations de la société civile et des gouvernements des différents pays du monde, la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 se termine dans une ambiance incertaine sur le futur que nous voulons.

Notre expérience sur le terrain en tant que partie intégrante de la société civile accréditée nous a permis d’avoir un regard plus critique sur le processus des négociations  des conférences de l’ONU. En effet, à Rio nous avons assisté à un processus de négociation fermé, conduit par des délégations diplomatiques et auquel la société civile n’a eu aucun accès. Cette dernière s’est retrouvée en marge de la discussion principale ; le Sommet des Peuples, organisé par les représentants de la société civile brésilienne, a eu lieu au parc de Flamengo, à 1h au moins en bus de la Conférence officielle qui était elle-même très excentrée du centre de Rio de Janeiro et peu accessible. Même s’il faut reconnaître que certaines activités dédiées à la société civile, telle que les « Dialogues » ou les « Side events », ont été organisées à Rio Centro (lieu qui accueillait la Conférence officielle), ces initiatives sont restées déconnectées des négociations et n’ont pas produit de propositions intégrées dans le texte final. Cette exclusion a généré un sentiment de frustration croissant et généralisé parmi les divers acteurs de la société civile présents.

Plusieurs autres facteurs ont contribué à accroitre cette insatisfaction sur place. Premièrement et contrairement aux autres événements de cette ampleur organisés par l’ONU, les journalistes n’ont pas accédé aux pavillons des délégations officielles ce qui a rendu la diffusion des informations difficile. Ensuite, de nombreux chefs d’état, comme Barack Obama et Angela Merkel ne se sont pas déplacés pour participer aux négociations, ce qui a fragilisé politiquement la conférence. Troisièmement, les négociations ont été achevées par les négociateurs et le texte final rédigé avant même que les chefs d’États n’arrivent à Rio. Le texte final n’a recueilli qu’un consensus de 30% entre les Etats, ce qui a engendré la disparition d’un nombre important de paragraphes essentiels. On découvre ainsi des Etats de moins en moins enclins à la négociation et au compromis, des Etats qui se concentrent sur les intérêts nationaux et qui restent toujours très influencés par les intérêts de leurs grandes entreprises, « la crise n’aidant pas ».

Dans un tel scénario, nous avons  l’obligation de réfléchir au futur que nous voulons. Mais avant et pour que ce futur soit réalisable, il faut inévitablement réviser les règles du jeu international. Cela signifie démocratiser le processus de décision dans les institutions internationales, en garantissant la vraie participation de la société civile  à travers des canaux de participation réels. Il faut notamment soutenir une plus grande présence des représentants de la société civile des pays en développement. Enfin, il semble important de garantir la transparence des négociations, avec un plus grand accès de la presse d’information aux salles des délégations officielles.  Ce qui se passe en réalité, c’est que nous laissons  des équipes de technocrates et des gouvernements qui semblent uniquement sensibles aux appels des grandes entreprises continuer à définir seuls, et sans nécessité de rendre compte de leur décisions, l’avenir « que nous voulons ».


Quels souvenirs nos enfants auront-ils de Rio + 20 ?

16 Juil

Souvenez vous, le 21 juin, les jeunes de la délégation « La parole des jeunes à Rio + 20 » ont organisé un porteur de parole dans l’enceinte qui accueillait la Conférence de l’ONU Rio + 20. Ils ont abordé les participants de la conférence pour leur poser la question suivante :

What will our children remember of Rio + 20 ?  

Découvrez les propos reccueillis par les jeunes :

 

 Et voici le nuage de mots correspondant !

« Un vrai défi »

10 Juil

Retrouvez ci-dessous l’interview de Lina Buscail pour le numéro d’août-septembre du journal de la Ligue de l’enseignement, Les idées en mouvement !

Lina Buscail, 25 ans, partie avec la délégation « la parole des jeunes à Rio + 20 », est revenue avec un petit sentiment d’inachevé. Toutefois, elle se réjouit de l’effervescence qui a animé le forum alternatif de la conférence : le Sommet des Peuples.

Les Idées en mouvement : Pourquoi avoir choisi d’intégrer cette délégation de jeunes ?

Lina Buscail : Adhérente à la Ligue de l’enseignement, j’ai récemment contribué à la mise en place au sein de la fédération du Var d’un Agenda 21 et d’Agendas scolaires. De plus, ma formation en écologie et en sciences de l’environnement font que je suis d’emblée sensible aux problématiques du développement durable.

Un rendez-vous tel que le Sommet de la Terre est un véritable enjeu selon moi, écologique bien sûr, mais également politique et social. Les défis à relever sont grands. Personnellement, je milite pour développer un pôle international de recherche et de développement sur les énergies renouvelables. Je suis en outre favorable à la création d’un tribunal international sur l’environnement. En effet, aujourd’hui, ça n’a vraiment pas de sens de nier les conséquences de l’activité humaine sur l’écosystème.

Pouvez-vous nous présenter la délégation ?

Les jeunes avaient des parcours vraiment différents. Certains travaillaient déjà sur la question du développement durable ou disposaient de solides compétences, tandis que d’autres connaissaient simplement le concept. J’ai trouvé cette mixité salutaire. La diversité a rendu la délégation très riche humainement. Qu’importe le profil de chacun, la motivation était bien présente : elle pouvait être personnelle, professionnelle mais elle était avant tout citoyenne.

Comment s’est déroulé votre séjour et surtout êtes-vous parvenus à porter vos 15 propositions ?

Pour nous approprier le Sommet des Peuples, il nous a fallu un peu de temps. Concernant la participation de chacun aux différents travaux, nous avons choisi de nous répartir en petits groupes pour recueillir un maximum d’informations, réaliser des interviews et rendre compte des 15 propositions que nous portions au nom des jeunes (1).

Vous avez notamment organisé un débat international sur le thème « crise économique : l’importance des valeurs du développement durable dans les choix de carrière personnels ». Qu’en avez-vous retiré ?

Pour animer ce débat, nous avons fait appel à des techniques participatives. Ce qui a très bien fonctionné puisque les scolaires que nous avions sollicités ont eux-mêmes invité une autre classe rencontrée par hasard, si bien que ce sont près de 80 personnes qui ont assisté au débat  ! J’ai ressenti une réelle envie de participer, autant de la part des enfants que des jeunes. Chacun semblait attentif et concerné par la problématique proposée. Ce qui me laisse penser que la société civile était bien là pour créer du lien, échanger et avancer des propositions en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail dans le monde. Les valeurs à défendre semblaient partagées par tous : Brésiliens, Français comme Américains. Et même si les négociations officielles n’ont pas abouti, le débat a constitué pour moi une expérience extrêmement positive.

Justement, de nombreuses organisations de la société civile ont dénoncé l’adoption d’un texte sans vision ni ambition pour « le futur que nous voulons ».

Malgré le fiasco annoncé, avant même la tenue de la conférence il me semble qu’il y avait – et qu’il y a encore aujourd’hui – un vrai enjeu quant à la place laissée à la société civile. Le sommet officiel ne se trouvait qu’à une heure du Sommet des Peuples qui, lui, regorgeait d’idées et de propositions réfléchies, issues des populations du monde entier. Dans quelle mesure les gouvernements ont-ils su les écouter et s’en inspirer  ? Pensant d’abord à leurs propres intérêts, les gouvernements sont restés englués dans une sorte d’inertie. Voilà notre principale déception.

Globalement, que retenez-vous de cette expérience citoyenne ?

Comprendre le mécanisme et la logique des décisions prises à un niveau international s’est révélé très enrichissant. Nous avons vécu de belles rencontres, des échanges intéressants. Quant aux intervenants, ils étaient bien plus impliqués et acharnés que je ne l’aurais cru  !

Toutefois, compte tenu des enjeux actuels liés au climat, j’ai trouvé choquant que certaines grandes nations ne soient pas représentées. Cela me semble assez grave, ne serait-ce que symboliquement. Et ne parlons pas de l’empreinte carbone du Sommet officiel, avec son immense complexe isolé, lumineux et énergivore.

Cependant, je pense que chaque temps de rencontre mondial, même s’il est compliqué et coûteux à organiser, a son importance. Renforcer la communication entre les différents États mais aussi entre la société civile et les gouvernements est toujours utile. Et les engagements tant espérés doivent bien être initiés et discutés pour être adoptés ensuite. D’ailleurs, la conférence mondiale sur le climat de 2015 à Durban semble de ce point de vue assez prometteuse.

Concernant la délégation, on peut dire qu’un groupe a véritablement vu le jour, et la séparation s’est du reste révélée difficile. Heureusement, les moyens de communication ne manquent pas et nous avons déjà prévu de nous revoir pour mettre en forme nos idées et proposer un après-Rio + 20 que la Ligue de l’enseignement pourra se réapproprier.

(1) Les 15 propositions sont le fruit de réflexions menées par des jeunes dans le cadre de débats organisés par la Ligue de l’enseignement, dans les régions et au niveau national en amont du Sommet de la Terre.

Propos recueillis par Laurianne Condette

Les jeunes sont rentrés en France !

2 Juil

Les jeunes de la délégation « La Parole des jeunes à Rio + 20 » sont rentrés en France le 25 juin dernier après avoir participé à la Conférence Rio + 20 et au Sommet des Peuples! Ils vont maintenant pouvoir travailler sur des retours post Rio + 20 !

Continuez de les suivre car le développement durable continue à la Ligue de l’enseignement !!

Le développement durable, un luxe ?

26 Juin

Une brève très personnelle des jeunes de la délégation :

Nous avons assisté à une belle leçon de vie. A l’heure où certains pays se préoccupent d’orienter leurs politiques de développement vers une durabilité économique, sociale et environnementale, d’autres lancent un appel à l’aide internationale pour pouvoir sortir de l’occupation et de la guerre afin de commencer enfin à penser leur développement.

A Rio+20, la conférence internationale pour le développement durable de l’ONU, ce ne sont pas moins de 198 pays qui sont venus négocier des accords cadre d’engagement reposant sur un objectif commun d’économie plus verte. Mais certains veulent juste une chose : la paix.

Face à un tel décalage entre les États, nous ne pouvons que nous questionner : lorsque les négociations portent plus sur les termes employés et sur la forme que sur le fond, nous nous demandons si la liberté des peuples, le droit de chaque individu à vivre, à pratiquer sa religion, à croire en ses convictions et à pouvoir les exprimer librement ne devraient pas être les grandes priorités pour tous les gouvernements.

En tant que jeunes citoyens de ce monde, conscients de la chance que nous avons de pouvoir nous exprimer et vivre librement, mais aussi et surtout de n’avoir jamais connu la guerre, nous proclamons «Assez de discussions, passons à l’action !»

Les jeunes rencontrent Eva Joly !

25 Juin

La délégation a pu rencontrer et interviewer Eva Joly, député européen d’Europe Ecologie. Qu’ont pensé les jeunes de ce moment d’échanges ?

La délégation en pleine action de journalisme avec Eva Joly

« La rencontre et l’interview d’Eva Joly, dont les constats à la fois positifs et amers, en ont marqué plus d’un. Pour elle, le texte final issu de ces négociations n’a finalement que peu d’importance, des engagements préalables ayant déjà été pris sur la plupart des grandes thématiques. La difficulté et le gros du travail résidait et réside encore plutôt dans la mise en œuvre. Elle invite ainsi chaque acteur engagé à ne pas désespérer mais au contraire à « rentrer dans le combat pour que la conscience écologique augmente dans la population et que le désir d’un autre paradigme grandisse », relevant  comme point positif la nouvelle reconnaissance par l’ONU des acteurs tels que ceux de la société civile et des collectivités locales comme partie prenante des négociations et non plus comme simple observateurs ».

« Rendez vous en 2015 à Durban » a conclu Eva Joly

Et retrouvez la vidéo de l’interview très bientôt !

Intervew de Benoît Hamon par la délégation !

25 Juin

La délégation a rencontré et interviewé Benoît Hamon sur l’Economie Sociale et Solidaire et la notion de « mondialisation responsable »[1]  à Rio !

Le dialogue instauré entre le nouveau ministre de l’Economie, des Finances et du Commerce extérieur chargé de l’économie sociale et solidaire et les jeunes de la délégation a permis d’échanger sur la place des jeunes dans l’ESS, mais également de réaffirmer la volonté du nouveau gouvernement de développer ce secteur (notamment au travers d’investissements par la banque centrale dans ce secteur).

Retrouvez la vidéo ici !


[1] « Prospérité économique avec respects des grands équilibres écologiques et du progrès social en y ajoutant même parfois des formes de gouvernance démocratique » (Benoît Hamon, 2012)

Compte rendu du débat international organisé par les jeunes

25 Juin

Coline Baty et Emilie De Bonneval-Bargo réalisent ici un feedback sur le débat « Crise économique : l’importance des valeurs du développement durable dans les choix de carrière personnels » organisé par la délégation au Sommet des Peuples.

La délégation de 10 jeunes de la Ligue de l’enseignement a mené une animation autour du thème du travail. Un jeu de positionnement, outil caractéristique de l’éducation populaire a été utilisé pour animer le débat.

Des jeunes français de la délégation, des collégiens et des étudiants brésiliens ont notamment participé aux discussions. Quelques journalistes ont également assisté aux échanges et interviews des jeunes.

Un échange avec près de 80 personnes !

Avant de commencer le jeu de positionnement à proprement parler, quelques jeunes brésiliens et français se sont présentes, explicitant la nature de leur travail ou futur travail ainsi que leurs motivations.

De nombreuses questions ont été abordées grâce au jeu de positionnement. En voici certaines.

Quelle place pour les valeurs et l’argent dans le choix d’un travail ?

Seules quelques personnes présentes ont dit privilégier ou vouloir privilégier l’argent dans leur choix de carrière. Les autres participants étaient soient mitigés soient convaincus de l’importance des valeurs dans un choix d’orientation professionnelle. Beaucoup de jeunes ont dit être prêts a s’engager bénévolement pour leurs valeurs.

Les arguments suivants ont notamment été avancés:

  • Il est possible d’essayer de concilier un engagement pour des valeurs avec un niveau de vie acceptable. Travailler au nom de ses valeurs ne signifie pas forcement être bénévole.
  • Nous ne pourrons vraiment concilier travail et valeurs que si nous repensons le concept même de travail. Dans notre système social actuel, celui-ci est lié à l’argent. Il faut donc casser ce lien et repenser le travail au sein d’un nouveau paradigme de société.

Témoignages: des choix professionnels ayant nécessité un sacrifice des valeurs ?

« Mon père travaillait dans un journal brésilien ou il éditait parfois des reportages avec lesquels il n’était pas d’accord » (témoignage d’une jeune fille brésilienne)

–  » Mon premier boulot était au McDonald’s. Travailler dans cette entreprise fordiste internationale était contre mes valeurs. Aujourd’hui je suis professeur. » (témoignage d’une femme brésilienne)

Travail local ou international ?

La répartition des participants selon ces deux choix était à peu près équilibrée.

Les personnes ayant dit préférer travailler localement, c’est à dire dans leur pays d’origine, ont notamment évoqué les raisons suivantes:

  • « Le monde étant plein de diversité, culturelle par exemple, je veux le découvrir pour y trouver ma voie. » (témoignage d’une jeune fille brésilienne)
  • « Je souhaite vivre au Brésil tout en voyageant pour découvrir et partager. » (témoignage d’une jeune fille brésilienne)

Celles ayant plutôt opté pour un travail dans leur pays d’origine ont avancé les arguments suivants:

  • « Je pense qu’aujourd’hui il y a beaucoup d’opportunités pour travailler au Brésil et être utile localement. On peut faire du global au local en aidant sa communauté. » (témoignage d’un jeune étudiant en affaires internationales)
  •  » Je souhaite travailler en France car je pense qu’il est mieux de travailler dans son pays, c’est à dire sur ce que l’on connait » (témoignage d’un jeune étudiant français membre de la délégation)
  • « J’apprécie énormément ma culture et je souhaite m’en inspirer dans mon travail en adaptant des courants de pensée étrangers (par exemple le surréalisme européen des années trente) a la culture brésilienne. » (témoignage d’un jeune brésilien étudiant en architecture).

Travail individuel ou collectif ?

La majorité des participants semble être plus séduite par l’idée du travail en groupe. Quelques uns ont cependant exprime leur préférence pour le travail individuel en avançant les idées suivantes:

« Je crois que le travail ne peut être bien fait que si je le fais seul. » (étudiant brésilien)

– « Je n’aime pas dépendre de quelqu’un d’autre » (jeune brésilienne)

–  » J’ai peur de la compétition créée par le travail en groupe » (jeune brésilien)

Les participants ayant préféré se positionner pour un travail collectif ont livré les éléments suivants dans les échanges:

– « Je suis Directeur d’une association où nous faisons en sorte que chacun ait la même voix. Les écarts de salaires sont très réduits et nous votons ensemble la majorité des décisions.” (jeune français)

“Le problème c’est notre conception du travail. Actuellement il est pensé pour le bien-être individuel et non pas collectif. C’est cette vision que la conférence Rio + 20 doit réviser. Travailler pour la collectivité est une utopie mais nous devons quand même chercher à l’atteindre.” (jeune brésilien)

“Cette animation est un très bon exemple de travail collectif.” (jeune brésilien)

“Le travail collectif permet d’éviter certaines erreurs que l’on pourrait faire individuellement.” (jeune française).

Le débat est clôt après des remerciements adressés à l’ensemble des participants. Les discussions continuent de façon informelle une fois les gens levés et des interviews sont réalisés par des journalistes et jeunes brésiliens.

 

Les limites de l’économie verte

25 Juin

Un article co-écrit par Emilie De Bonneval-Bargo et Elise Soulier :

Dans le cadre d’une rencontre entre différents acteurs ayant eu lieu au Sommet des Peuples, nous avons eu l’occasion d’écouter les arguments d’un représentant de l’ONG sénégalaise ENDA Tiers-Monde concernant le développement durable en Afrique.

Cet organisme, créé en 1972, travaille notamment sur les liens entre environnement et développement dans les pays du Sud. Comme un peu partout dans le monde, les notions de “développement durable” puis “économie verte” ont  fait leur apparition au Sénégal. Tout comme d’autres concepts forgés au Nord, le problème de leur adaptation au Sud se pose.

Si le “développement durable” a permis beaucoup de progrès sur le continent africain, celui “d’économie verte” est plus problématique, notamment parce qu’il ne fait pas l’objet d’une définition claire et précise. Il renvoie en fait à deux modèles économiques très différents:

  • Le premier voit l’environnement comme un facteur de production de richesses (vision adoptée par l’Organisation de Coopération et de Développement Économique par exemple),
  • Le second se pose en alternative au modèle actuel en promouvant une “économie qui entraine une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources” (vision du Programme des Nations Unis pour le Développement par exemple).

 Pour le représentant de l’ONG Enda Tiers-Monde, ce concept ne doit pas accorder la priorité à l’économie au détriment du social. En effet, il ne faudrait pas opérer un retour en arriere par rapport au développement durable qui, est-il utile de le rappeler, est fondé sur trois pilliers: l’environnement, l’économie et le social. Se concentrer uniquememt sur le volet économique, comme peut le sous-entendre cette conception de l’économie verte, serait une régression majeure.

Il y a une incohérence dans la façon d’appréhender cette volonté de changement et d’amélioration. Ne faut-il pas d’abord définir ce vers quoi l’on souhaite aller ? Une transition, oui, mais laquelle et pour quel futur ? Le choix des moyens pour atteindre ces objectifs ne vient qu’après même si cette dimension est aussi importante. Pratiquer la démarche en sens inverse est une aberration même si cela se fait souvent aujourd’hui.

Enfin, pour qu’elle soit bénéfique la mise en œuvre de “l’économie verte” doit être accompagnée de réels changements dans les modes de gouvernance.

Pour illustrer ses propos, le représentant de cette ONG a développé deux exemples.

Il a d’abord parlé des panneaux solaires en Afrique subsaharienne. A première vue, il semble évident d’utiliser l’énergie solaire et de valoriser cette ressource naturelle. Toutefois, si ces panneaux ne sont toujours pas produits localement, cela n’a plus de sens. Certes, il y a création d’emplois et de richesses mais cela se fait de nouveau au détriment des pays africains et de ses habitants qui ne seront que des consommateurs. Il faudrait que l’Afrique puisse investir et produire elle-même dans les domaines clés qu’elle identifiera en fonction des réalités locales. Ainsi, elle pourra peut-être enfin trouver une position favorable dans la système économique mondial et stopper la fuite des capitaux vers l’extérieur.

Il a également abordé la question de la production de coton biologique au Burkina Faso. Cela constituerait une bonne initiative à condition que le produit final soit compétitif sur les marchés internationaux. Pour cela, il faut avant tout régler la question des subventions pratiquées par les États-Unis. Un exemple des réformes à mettre en œuvre pour l’économie verte puisse être un concept porteur de développement durable.

 Le représentant de l’ONG achève son intervention en disant que l’ensemble des ces constats l’amène à parler de “transition économique respectueuse des enjeux environnementaux” plutôt que “d’économie verte”.