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L’idée du Bon Vivre face aux défis du sous-développement: Dilemmes

20 Juil

Par Fidel Pérez Flores

Dans le cadre de la Conférence Rio + 20, la voix de quelques gouvernements latino-américains attire l’attention. Leur approche clairement plus dénonciatrice des rapports directs qui existent entre les mécanismes de développement capitalistes et le constat actuel d’une forte dégradation des conditions environnementales intrigue tout en offrant une véritable alternative. Ainsi les gouvernements Boliviens et Équatoriens accompagnent leur critique du système économique d’une vision qui place l’impact des activités humaines sur la nature au premier plan et proposent l’adoption d’un système fondée sur le paradigme du Bon Vivre, qui privilegie les droits de la nature et l’harmonisation complète de l’être humain avec les écosystèmes. A la différence de ce qui s’était produit lors de la première Conférence de Rio en 1992, la présence de ces voix introduit enfin un véritable débat et offre une confrontation claire sur les questions environnementales, les solutions proposées par le concept d’économie verte et les défis concernant la pauvreté. En conséquence, il est aujourd’hui nécessaire de prêter attention aux difficultés que le paradigme du Bon Vivre rencontre lorsqu’il s’agit de passer à l’action avec des politiques publiques concrètes. En effet, appliquer le principe des droits de la nature entraine l’apparition d’un certain nombre de contradictions, particulièrement dans des pays qui accumulent les fléaux du sous-développement et dont l’économie dépend fortement de l’exploitation de ressources naturelles exportables et non renouvelables.

Lors des discussions préparatoires pour la Conférence Rio+20, les représentants de la Bolivie et de l’Équateur ont questionné haut et fort la continuité d’un idéal de croissance fondé sur les relations capitalistes de production et une conception de la richesse centrée sur la capacité à consommer et acquérir la plus grand quantité de services et produits matériels[1]. Ils opposent à ce modèle une conception de vie basée sur le lien social et une harmonie avec la nature et les écosystèmes pratiquée depuis des siècles  par leurs peuples autochtones : le Bon Vivre. Cette approche reconnait que la croissance économique comporte des limites pour une nature dans laquelle les êtres humains doivent pourtant apprendre à vivre. Le progrès matériel de l’humanité ne peut indéfiniment continuer sans que cela n’implique des pertes catastrophiques pour l’environement. La participation des délégations équatoriennes et boliviennes à la Conférence Rio + 20 s’est donc fondée sur ces principes inscrits dans leurs  constitutions respectives. Il serait essentiel qu’une attention particulière soit portée à leur propos car leur expérience et leurs questionnements peuvent énormément contribuer à la nécessité de trouver un compromis sérieux pour le développement durable de la part des économies les plus riches, et donc polluantes, de la planète.

Cependant, il ne s’agit pas de tomber dans l’idéalisme ou la propagande, il est donc essentiel de présenter également les difficultés et les contradictions que les principes généraux du Bon Vivre rencontrent dans la vie politique interne de ces pays lors du passage à l’action concrète. C’est avec cet objectif en tête que Jessica Camille et Elizabeth Cooper, dans leur article intitulé Evo Morales, Climate Change, and the Paradoxes of a Social-Movement Presidency[2], nous offrent une véritable fenêtre d’observation de l’intérieur de la Bolivie où le gouvernement Morales rencontre régulièrement des difficultés à maintenir une véritable cohérence entre ce qu’il proclame dans les forums internationaux et les choix politiques pris « à la maison ». Ainsi des projets de développement d’infrastructures et d’exploitation des ressources naturelles considérées par le gouvernement bolivien comme indispensables pour l’économie nationale sont contestés par des acteurs sociaux qui dénoncent eux une véritable contradiction entre ces projets (et leurs impacts) et les principes même du respect des droits de la nature. En effet, ainsi que l’affirme Pablo Stefanoni[3], le désir de changement vers le modèle du Bon Vivre amène des contradictions importantes avec la nécessité de surmonter les conditions de précarité extrême qui sont le quotidien d’une bonne partie de la population bolivienne.

Pour le vice-président bolivien, Álvaro García Linera, il s’agit d’une des « contradictions créatives »[4]  dans lesquelles se trouve le procès politique bolivien actuel. Différentes conceptions et projets d’avenir s’y affrontent, chacun défendu par l’un des divers soutiens « sociaux » du gouvernement Morales, suscitant de nombreux dilemmes et la mise en œuvre de solutions complexes. Par exemple, en ce qui concerne la défense des droits de la « mère Terre », l’une des idées fortes du discours des pays tels que la Bolivie et l’Équateur à la Conférence Rio+20, sa stricte application s’avère incompatible avec l’un des projets phares du gouvernement bolivien, à savoir le développement industriel du pays pour en finir avec la logique d’exploitation des richesses nationales au bénéfice de compagnies étrangères qui contribuent peu à la création d’un dynamisme économique interne. D’après Linera, il faut continuer d’avancer sur ce projet d’industrialisation tout en faisant attention à n’intervenir que modérément sur l’environnement. Toutefois Cela reste clairement une question non résolue dans l’arène politique bolivienne.

Du côté du gouvernement équatorien, des initiatives, présentées par leurs auteurs comme des efforts concrets pour affronter les défis du sous-développement sans pour autant abandonner les préoccupations du « Bon Vivre » existent :

  • le projet « Yasuni-ITT », qui refuse d’exploiter 20% de ses réserves pétrolifères en échange de ressources provenant des fonds internationaux pour financer des programmes de développement ;
  • « les calculs des Émissions Liquides Évitées », mécanisme qui identifie les émissions non faites par les pays en développement en vue d’obtenir une compensation économique;
  • la mise en valeur du concept de « trace écologique »,voie de création d’indicateurs sur les coûts que le développement a sur l’environnement.

Lancées sur les tables de discussions auprès des gouvernements comme de la société civile lors de la Conférence Rio + 20, ces initiatives méritent une discussion sérieuse si l’on veut commencer à faire de la défense des droits de la « mère Terre » une question plus pratique que rhétorique.


[1] Pour une exposition plus approfondie des positionnements des pays sud-américains voir Fidel Pérez Flores et Regina Kfuri. Os governos sul-americanos frente ao tema ambiental: iniciativas e articulações regionais rumo à conferência Rio + 20. In: Observador Online, v.6, n.07, juillet 2011. http://observatorio.iesp.uerj.br/images/pdf/observador/observador_v_6_n_7_2011.pdf

[2] Jessica Camille et Elizabeth Cooper. Evo Morales, Climate Change, and the Paradoxes of a Social-Movement Presidency. In: Latin American Perspectives 173, v. 37 No. 4, juillet 2010, pp. 238-244

[3] Pablo Stefanoni. ¿Y quién no querría “vivir bien”? Encrucijadas del proceso de cambio boliviano. InÉ Crítica y Emancipación, n.7, pp 9-25, premier semestre de 2012.

[4] Voir Fidel Pérez Flores. Bolivia: gobernar hacia la izquierda entre contradicciones creativas. In: Red Seca: Revista de actualidad política, social y cultural. 2 avril 2012. http://www.redseca.cl/?p=2808

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Finalement, où en sommes-nous? Où allons-nous?

16 Juil

Un article signé , de l’

Finalement, où en sommes-nous, où allons-nous, comment imaginons-nous notre destin commun dans une relation intime avec la nature ? Comment construire les conditions du bien-vivre et du bonheur pour tous les êtres humains, sans distinction, en prenant soin et en partageant cette généreuse Planète qui nous accueille ? Quels sont les changements que nous devons opérer dès maintenant dans notre mode actuel d’organisation, de production et de consommation, de génération d’exclusions et d’inégalités sociales honteuses, de destruction de la base même de la vie ? Voilà les questions qui s’imposent alors que la Conférence Rio+20 se termine et qu’une fois de plus nos dirigeants ont montré leur manque de détermination à initier la grande reconstruction d’un monde en crise. Le tout en grande pompe pour rien, semant encore plus d’incertitude sur notre capacité collective à changer de cap pour une soutenabilité de la vie et de toutes les formes de vie, et pour l’intégrité de la Planète Terre. Pendant ce temps, la crise s’aggrave et s’amplifie, et l’incertitude collective augmente. Rio+20 alimente la capacité destructrice de la crise mondiale au lieu de profiter du moment historique et de transformer une structure de changements inajournable

Il nous faut affirmer haut et fort que la crise à multiples facettes (climatique et environnementale, financière, alimentaire, des valeurs…) et qui touche le monde entier, a également une autre composante : la crise de la gouvernance. Cela se manifeste d’un côté par le manque d’une structure de pouvoir mondial plus légitime que celle qui existe aujourd’hui. Le multilatéralisme s’épuise et se montre impuissant face à la menace permanente des impérialismes armés et de leur pouvoir de véto. Qui plus est, il vient buter contre les Etats-Unis et leurs vieilles souverainetés nationales. Dans ce bilan raccourci, il est fondamental d’ajouter que l’économie aujourd’hui globalisée et la santé même des finances publiques de l’État dépendent de l’énorme pouvoir privé des grandes corporations économico-financières, qui assujettissent le monde à leur volonté d’accumulation. Nous disposons d’avantage d’un gouvernement mondial de corporations que d’États.

D’autre part, la crise de la gouvernance apparaît dans le manque total de vision et de volonté de changement des gouvernements, mais également des parlements qui les soutiennent, malgré la limitation et l’aspect contradictoire de l’espace politique dont ils disposent encore face à ce qu’on appelle le pouvoir des marchés. Bien qu’apparemment impossibles, les grandes actions de l’humanité ont toujours été pensées et rêvées d’abord, puis les conditions pour les mettre en oeuvre ont été créées. Au vu de l’horizon mondial actuel et de la très pathétique Conférence Rio+20, nous constatons que sur la grande scène mondiale des états, nous manquons de grandes figures politiques et éthiques, généreuses et engagées, capables d’écouter les voix et de capter les demandes d’une population planétaire naissante qui réclame des changements immédiats, des gouvernants capables de définir des caps et d‘établir des accords démocratiques pour instaurer des mécanismes de changements ici et maintenant.

Rappelons ici que d’une certaine façon, l’échec de Rio+20 était à prévoir. Mais nous avions cette lueur d’espoir que quelque chose pourrait se produire et que le dénouement pourrait être différent. Finalement, la politique et a fortiori la politique démocratique, est toujours imprévisible dans ses résultats, du moins quant aux délais et aux moyens d’y parvenir. Mais cette fois-ci, la diplomatie a misé sur le plus petit dénominateur commun, qui s’est avéré inférieur au minimum, inférieur à la Conférence Eco 92, et très inférieur au minimum demandé par l’opinion publique et les différentes voix citoyennes du monde.

Comme toujours, il y a quelque chose de positif à retenir de cette conférence vide : l’économie verte, vendue comme développement soutenable n’a pas obtenu de consensus et rien n’a été approuvé dans ce sens. Si les grandes corporations peuvent effectivement fêter l’incapacité collective du pouvoir en place à changer de cap dans l’organisation de l’économie du monde, elles ne peuvent célébrer aucun triomphe, dans le sens où on ne leur a pas donné la liberté d’assaillir les marchés sur un nouveau front sans aucune réglementation, qui touche la nature dans sa totalité, avec ses biotechnologies, nanotechnologies et géo-ingénieries.

Mais le combat n’est pas terminé. La grande absente de la Conférence de Rio+20, c’est la population planétaire naissante. Et pourtant, c’est d’elle que doivent surgir des mouvements de citoyenneté pour changer le cours de l’histoire. Nous avons essayé de nous préparer pour cet événement et nous étions en nombre raisonnable au Sommet des Peuples. Les participants au Sommet des Peuples et au Rio Centro n’ont pas été peu nombreux. Certains, comme toujours, ont exercé la diplomatie citoyenne et essayé de peser sur la rédaction du document final. Nous avons fait du bruit, beaucoup de bruit. Au Sommet des Peuples, nous avons surtout montré la vibrante et joyeuse diversité qui caractérise les peuples habitant la Planète Terre. Mais, il faut le reconnaître, il n’y a pas eu assez de participants et il nous a fallu de l’énergie pour créer une réelle densité politique démocratique capable d’inverser le jeu ou du moins de représenter une menace. Nous n’avons pas non plus réussi à surmonter notre fragmentation et le grondement qu’elle génère en nous et qui résonne vers l’extérieur. En termes de voie vers de nouveaux paradigmes, le slogan qui nous a unis, nous n’avons pas obtenu grand-chose. Nous avons montré de l’indignation, de la capacité à nous mobiliser, mais nous n’avons pas encore su manifester notre vision et les propositions faites de multiples et différents rêves, de nombreuses et diverses identités sociales et culturelles, de pluralisme de visions, d’analyse et de mode de fonctionnement. L’incapacité des gouvernements face à leurs contradictions et surtout, face au pouvoir des corporations, encore une fois très manifeste à cette Conférence de l’ONU, ne peut être surmontée que par notre détermination de citoyens et citoyennes responsables, qui croient et qui agissent pour que d’autres mondes puissent exister. Notre mission est de pousser les gouvernements au changement, assumons-la.

Article disponible sur le Portail Rio+20

Rio+20… et après ? L’action continue

11 Juil

Rio+20 est terminé. Et ensuite ?

Retrouvez ci-dessous une tribune de François Loos, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), paru dans le journal Les Echos :

Copenhague, Durban… les aboutissements peu tangibles des conférences internationales dédiées à l’environnement ces dernières années ont nourri un scepticisme croissant sur la capacité des pays à se mobiliser pour un développement durable mondial. Et les bilans environnementaux dressés la semaine dernière lors du sommet de la Terre Rio + 20 n’ont fait que renforcer ce pessimisme ambiant.

A Rio, en 2012, l’Europe était aux avant-postes pour adopter une déclaration mondiale – « L’avenir que nous voulons » -avec la conviction que l’heure n’est plus aux intentions, mais à l’action. Les marges de manoeuvre sont là. Il s’agit de les activer, avec une volonté commune d’amélioration continue. Ici et ailleurs, du global au local, des solutions se mettent en place. Il convient de partager les expériences concluantes et d’assurer un vrai transfert de savoir-faire entre tous. Nous sommes allés à Rio pour montrer que l’on agit et comment l’on agit.

Rio + 20 est une étape. Avant, pendant et après les négociations des Etats lors du premier sommet de la Terre, la société civile est demeurée fortement mobilisée. Il doit en être de même à l’issue de ce sommet. Collectivités, entreprises, syndicats, associations, particuliers, nous devons rester actifs. Ne laissons pas la crise économique freiner nos efforts. L’économie verte fait partie intégrante de l’économie et ne peut plus être circonscrite au seul domaine de la responsabilité sociale et environnementale. Elle est porteuse d’emploi et de développement au Nord comme au Sud.

Il est nécessaire de transformer notre modèle de production et de consommation, comme notre modèle urbain. Le modèle unique de la ville doit être banni. La ville durable sera celle qui réussira à s’organiser harmonieusement en fonction de son environnement, des évolutions démographiques, des mutations sociales, des facteurs culturels de ses habitants… La ville durable sera pensée de manière globale et fluide. Air, énergie, déchets, bruit… les territoires doivent se mobiliser sur tous les fronts pour répondre aux enjeux du développement durable.

Chacun peut agir, individuellement comme à l’échelle de l’entreprise ou de la collectivité. Les solutions concrètes existent déjà. De nombreuses expériences françaises le démontrent. Nous redoublons d’efforts pour donner les moyens aux acteurs locaux de passer à l’action. Les démarches exemplaires se diffusent sur notre territoire. Il faut à présent les démultiplier – en France, et partout ailleurs. Il faut éclairer par l’exemple. C’est ce que nous avons fait à Rio. Les réponses sont sur le terrain.

La France agit déjà : les bâtiments basse consommation et à énergie positive se multiplient, 133 hectares de zones urbaines sont en passe d’être réhabilités, 500 territoires sont en marche pour la mise en place de plans climat-énergie territoriaux, près de 1.300 points noirs bruits sont gérés, 3.452 actions de réduction des déchets ont été mises en œuvre en 2011, 26 projets ont été sélectionnés l’an dernier dans le cadre des investissements d’avenir pour déployer des innovations environnementales… et il faut poursuivre.

Montrer que des changements s’opèrent, rassembler toutes les énergies et apprendre ensemble, ce sont les « indispensables » pour appréhender les vingt prochaines années avec des perspectives durables. Nous sommes allés à Rio avec cette volonté, pour en faire le sommet des actions possibles. Les résultats de Rio ne sont pas contraignants, mais ils ne nous empêchent pas d’aller de l’avant.

Cette conférence s’est tenue dans un monde de compétition économique brutale entre les blocs

9 Juil

En conclusion du Sommet de la Terre, voici un article publié en fin de semaine dernière par l’Humanité dans le cadre d’une page débat consacrée au bilan de Rio.

Une tribune écrite par Ronan Dantec, sénateur (EELV), porte-parole Climat de cités et gouvernements unis (CGLU).

Nous sortons de Rio sans obtenir d’accord entre pays développés et grands émergents. Aucune vision partagée sur ce que pourrait être une régulation des échanges, ni sur le chemin que pourrait prendre l’économie mondiale pour une convergence du développement entre le Nord et le Sud.

Pour comprendre ce qui s’est passé, il faut rappeler une chose : les Bric – le groupe Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – ne voulaient pas se voir imposer de contraintes sur leur propre croissance, actuellement très fragilisée. Ils se sont mis d’accord sur un texte minimal en ce sens. Trop heureux, les États-Unis ont suivi. L’Europe, elle, n’a pu que constater. Elle s’est retrouvée beaucoup plus isolée qu’à Durban. Cette fois, en raison de divergences internes, les pays africains ne l’ont pas totalement soutenue.

De plus, les Brésiliens ayant décidé de présenter un texte bouclé avant même qu’ait démarré le haut segment de discussions avec les chefs d’État, les rapports de forces de négociations n’ont pu s’installer.

Nous nous sommes retrouvés à Rio avec le même axe Bric, États-Unis, Canada, Australie, qu’à Copenhague. Ce sont bel et bien ces États qui sont responsables du texte qui en sort. Cette conférence s’est tenue dans un monde de compétition économique brutale entre les blocs. Les États ont été porteurs de cette idéologie, le Brésil en premier lieu, plus social-libéral qu’altermondialiste !

Néanmoins, le principal intérêt de ce sommet est que, au-delà du constat d’impuissance, Rio dit l’inquiétude des États concernant la crise environnementale et la finitude de la planète. Il n’y a plus de climato-scepticisme ou de déni de réalité au sein de l’ONU. À travers les objectifs de développement durable (ODD), ils ont laissé la porte ouverte à un accord à terme. Ces ODD s’appuieront sur des engagements de l’ensemble des pays, et non pas uniquement des plus développés.

On se donne jusqu’à 2015 pour en définir le contenu, ce qui correspond exactement à l’agenda fixé à Durban pour achever l’accord mondial qui doit succéder au protocole de Kyoto et qui doit, là aussi, déboucher sur un accord contraignant, engageant tous les grands émetteurs de CO2, y compris les émergents.

Cette convergence des calendriers nous offre donc trois ans pour trouver un point d’équilibre pour l’économie mondiale. Cela me paraît une échéance raisonnable. En étant optimistes, on peut se dire que nous disposons à nouveau d’un temps de négociation suffisant pour déboucher sur des mesures crédibles.

Le renforcement du rôle du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) est lui aussi encourageant. Élargi à l’ensemble des États et à la société civile, il est en outre doté d’un financement pérenne. L’évolution de l’ancienne commission du développement durable de l’Ecosoc, transformée en forum, lui confère une place renforcée. Ce forum ministériel se déroulera désormais avant l’assemblée générale annuelle des Nations unies. Ce serait un lieu clé de la discussion avec un statut de «participant» pour les représentants des neuf groupes de la «société civile».

Alors que les États ne sont plus à même de trouver ce fameux «deal global», de définir les étapes de la convergence entre les économies, la société civile est-elle à même de le faire ? Elle ne le pourra qu’à condition de sortir d’une logique de lobbyisme sectoriel et d’opposition. Le but des négociations internationales est de trouver le point d’équilibre entre les blocs, pas de les faire basculer dans d’autres systèmes. Dans cette quête, les gouvernements locaux, unis au niveau mondial, ont une opportunité spécifique et une responsabilité singulière.

Notre légitimité démocratique, notre proximité avec les délégations nationales, notre culture commune née et nourrie dans l’action et la lutte contre les dégradations environnementales et les fractures sociales sur nos propres territoires sont uniques. Nous pouvons travailler à la recherche de ce point et le proposer aux États comme cadre de négociations, et jouer un rôle de facilitateurs en ce sens. Notre optimisme de combat se nourrit de cet horizon.

Rio +20 : vers une nouvelle donne énergétique mondiale ?

10 Juin

Par Miguel Dhenin*

Dans quelques jours, la ville de Rio de Janeiro (Brésil) s’apprête à recevoir la conférence mondiale sur le développement durable, intitulée Rio +20. Celle-ci fait référence à la conférence ECO-92, qui avait eu lieu vingt ans auparavant dans la capitale carioca. A l’époque, le bloc « occidental », soutenu par son courant libéral, diagnostiqua alors la « fin de l’Histoire[1] », avec la défaite du bloc « soviétique » contre l’occident capitaliste. Francis Fukuyama et d’autres, à vrai dire la plupart des élites mondiales, n’avaient qu’à constater la fin d’un projet de grande envergure initié par l’URSS à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Dès lors, une seule « hyperpuissance[2] », les États-Unis d’Amérique, étaient alors sortis vainqueur d’un conflit froid et distant entre blocs, instrumentalisant dans différentes régions des conflits de faible intensité.

Deux décennies après cette étape importante dans la mise en place d’un agenda mondial sur le développement durable, la crise financière de 2008 et les scénarios moroses de croissance en Europe et aux États-Unis offrent un scénario politico-économique mondial très différent de celui de la conférence de 1992. En effet, la redistribution du pouvoir économique dans le système international a été en quelque sorte une fenêtre d’opportunité pour les différents pays émergents. Comme le rappelle l’éditorialiste américain Farid Zakaria, il s’agit dans une certaine mesure, bien plus que le déclin annoncé des États-Unis, la montée en puissance des autres acteurs économiques émergents (thèse connue comme « The Rise of the Rest »). Leur participation dans le PIB mondial est aussi importante que le dynamisme de leur démographie. La Chine, l’Inde et le Brésil, dans une certaine mesure, sont des partenaires stratégiques pour les Etats-Unis, mais ces acteurs ont développé entre eux un dialogue Sud-Sud de plus en plus significatif.

La demande énergétique mondiale explose

La montée en puissance de la Chine, à la fin des années 1990, avec l’ouverture de son marché aux grandes compagnies multinationales, symbolisa la montée en puissance d’un acteur économique différencié, à la fois grand exportateur et capable de dynamiser son marché intérieur. Très vite, la grande question stratégique liée à la Chine fût celle de sa capacité à garantir sa sécurité énergétique. La Chine, les États-Unis d’Amérique et l’Union Européenne sont parmi les plus grands consommateurs et producteurs d’énergie dans le monde. [3] La question centrale est donc : Comment garantir un niveau de croissance satisfaisant avec une consommation énergétique soutenable?

L’enjeu de la conférence Rio+20 est d’arriver à un consensus sérieux entre les principaux pays consommateurs d’énergie non renouvelables (hydrocarbures, charbons, etc.) et les nouveaux pays émergents afin qu’ils puissent ensemble décider de réduire la pression exercée sur la planète. Évidemment, les indicateurs économiques de ces pays (particulièrement l’Union Européenne, le Japon et les États-Unis d’Amérique) n’incitent pas à réduire la voilure, alors que les taux de croissance restent très faibles et que certaines économies sont entrées en récession. Les pays émergents, quant à eux, aspirent évidemment à augmenter leur niveau de production de richesses et donc par conséquent, augmenter drastiquement leur niveau de consommation énergétique.

Les économies de ces différents acteurs sont à des stades très différents de développement et ont ressenti la crise financière mondiale de 2008 de manière très inégale. Si la demande énergétique mondiale augmente, dès lors, la sécurité énergétique de certains pays se verrait donc menacée par les nouveaux marchés de consommateurs (chinois, indiens, latino-américains et africains principalement). La sécurité énergétique serait donc liée dans une certaine mesure au niveau de production. Cependant, de nouveaux indicateurs de richesse, comme le PIB durable, proposé par certains économistes orthodoxes, offre une réponse différente au problème posé.

Quelle(s) alternative(s) face au dilemme énergétique ?

L’économiste français Pierre-Alain Muet  expliqua très bien cette vision dans un article paru en avril 2006 intitulé «Pour un PIB durable ». Celui-ci argumentait de la manière suivante: « il faut également que nous changions notre conception du progrès. Depuis la révolution industrielle, le progrès technique a été essentiellement orienté vers l’augmentation continue de la productivité du travail – on produit en une heure de travail vingt fois plus de biens qu’il y a un siècle -, comme si le facteur rare était le travail, alors qu’en réalité les facteurs rares sont l’environnement et les ressources non renouvelables. Si nous faisons dans le siècle à venir des progrès comparables, en réduisant dans les mêmes proportions la pollution et la production de déchets, alors nous pouvons espérer rendre notre modèle de croissance vraiment soutenable. [4] »

La sécurité énergétique est donc à la fois un énorme défi lancé aux pays qui s’inscrivent dans la démarche de la conférence Rio+20. Garantir la sécurité énergétique des pays pour garantir une croissance appelée « verte », favorisant un développement économique qui s’inscrit dans une logique durable. Le programme global sur l’énergie[5] proposé par les organisateurs est ambitieux, mais les difficultés rencontrées par les gouvernements du sud de l’Europe (Espagne, Grèce, Portugal) peuvent évidemment compromettre le changement radical auquel les principaux pays consommateurs devront faire face. Dans un tel scénario, le succès de la conférence de Rio dépendra de la capacité des acteurs économiques centraux[6] (G8) à dialoguer avec les pays émergents[7] (BRICS). Les préoccupations en matière énergétique étant sensiblement différentes, on peut donc se demander si, au sortir de la conférence Rio+20, on ne sera pas confronté à un nouvel antagonisme entre « blocs » (G8/BRICS) face aux questions énergétiques majeures.

* Doctorant à l’Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle.


[1] Francis Fukuyama. La fin de l’Histoire et le dernier homme, Flammarion, Collection Champs, 1993, 448 p.

[2] Le premier à avoir traité cette thématique est Zbigniew Brzezinski dans Le Grand Échiquier : l’Amérique et le reste du monde, où il décrit les États-Unis comme la seule puissance à avoir la suprématie simultanée dans les quatre domaines-clés : militaire, économique, technologique et culturel.

[3] Voir les données statistiques disponibles dans le bilan annuel World Energy Outlook de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).

[4] Muet, Pierre Alain. Pour un PIB durable. Revue Alternatives économiques, n°246 – avril 2006, Paris. Disponible en ligne sur : http://www.alternatives-economiques.fr/pour-un-pib-durable_fr_art_199_23073.html

[5] Données issues du site internet (en anglais) de la conférence Rio +20. Pour plus d’information sur l’initiative pour l’énergie soutenable pour tous (Sustainable Energy for All initiative), voir http://www.sustainableenergyforall.org/.

[6] Le G8 (pour « Groupe des huit ») est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada et la Russie.

[7] BRICS est un acronyme anglais pour désigner une organisation regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, précédemment appelé BRIC avant l’ajout de ce dernier pays en 2011.

Do cities make a difference in global environmental governance?

4 Juin

By Cássia Marques da Costa[1]

The UN Conference on Environment and Development, held in Rio de Janeiro, in 1992, represented the world’s willingness to put the environment and sustainable development as priorities in the global agenda. The Rio 92 was emblematic for its capacity to mobilize civil society and a whole set of actors that wanted to be represented and really have a say in the global debates about the environmental governance. Also important was the recognition of the main role of local governments as a means to address sustainable development. Twenty years later, cities want to show the world they can make the difference and why they must have a voice in the institutional architecture of the contemporary international order.

Why cities? Local governments as actors in environmental governance

As an outcome of the international debates initiated in Stockholm in the early seventies,   at the Rio Earth Summit, the issue of urban environmental problems was definitely put on the international agenda. By the claim of “think globally, act locally”, cities became enrolled into the environmental governance through the development and implementation of the Local Agenda 21. In fact, the Chapter 28 of Agenda 21 highlighted the centrality of sub-national governments as major actors for environmental protection stating that Because so many of the problems and solutions being addressed by Agenda 21 have their roots in local activities, the participation and cooperation of local authorities will be a determining factor in fulfilling its objectives. (…).  As the level of governance closest to the people, they play a vital role in educating, mobilizing and responding to the public to promote sustainable development.”

Since then, local authorities have become more involved with environmental issues and gained relevance within other multilateral institutions, suggesting that changes have been made in the ways environmental governance is being put into practice.

Local authorities are perceived as key-actors in environmental governance for some practical reasons. First, they are capable to cooperate more easily with other governments than States and they do this through faster and direct communication mechanisms, such as networks, joint projects and other initiatives, including engaging relevant stakeholders and lobbying national governments. Second, local governments have the conditions to formulate and implement policies that express more clearly citizens’ aspirations and real needs. The proximity to the population promotes incentives (and also constrains) for the provision of public services that are at the same time efficient and adequate to the local context, making feasible, at least in theory, the elaboration of prompt solutions to local problems. Third, there is the component of delegation related to sub-national governments. In most countries, mainly in federal states, the responsibility to guarantee the provision of basic services such as sanitation, waste management, public transportation and energy use rests in some degree under local government’s authority. This condition empowers cities with the ability to legislate and decide on a whole set of policies that are directly associated with the environment protection.

These factors turned cities into global environmental arenas and local governments into actors with the capacity to act for the benefit of the environment and to exercise influence in ways that directly impact the ability of national governments to reach targets that they have agreed to internationally.

How do they work? Exercising leadership through networks

But sub-national governments have not been enacting environmental governance in isolation. One of the key features of the post-Rio era has been the proliferation of transnational networks of sub-national governments. The main network-leaders in this area are the International Council for Local Environmental Initiatives (ICLEI) and the C40 Cities Climate Leadership Group (C40), but there are several other initiatives of local governments networking around environmental issues. ICLEI counts with more than 1,200 sub-national governments as members and is acting as the Local Authority Major Group co-organizing partner in Rio+20. The C40 network comprises 58 large cities from around the world committed to implementing climate-related actions locally and also plays a big role in climate change discussions because of its capacity to coordinate the Mayors of the largest cities of the world, which together represent 1 in 12 people, 12% of C02 emissions and 21% of GDP (data from C40 website).Thus it’s not difficult for one to conclude that the potential of those networks is far from trivial. Networks are key pieces for understanding the means by which cities have been engaged in the global environmental scene and how they can make the difference to sustainable development and poverty eradication.

Rio+20: what to expect from local governments?

Therefore local governments and transnational networks are expecting to demonstrate their potential and also offer their contribution at Rio+20. There will be lots of events happening in parallel to the Conference gathering representatives from local, sub-national, national and international levels to discuss existing initiatives and possible collaboration between the different levels of governance to ensure a sustainable development. ICLEI and C40 are expected to play a big role by joining the voice of those who want the Conference to be more than just the renewal of commitments to sustainable development.

So there seems to be an overall understanding that sustainable development as a global priority has increasingly become a multilevel task, where the involvement and commitment of local authorities is proving essential to achieve any minimum level of success. But despite the noise around cities’ proactive role and leadership (through ambitious proposals and commitments), there’s still resistance concerning local government’s capacity to implement and measure what they’ve been shouting out loud. In a recent article the formers Brazilian president Cardoso and Norwegian prime-minister Brundtland warned about the State’s failure to demonstrate the necessary courage or political will to turn good intentions into effective collective action at Rio+20.  Cities are trying to demonstrate the opposite. Let´s see if they are really prepared to take this responsibility and make things different. The initiative is definitely worthy.


[1] Graduate Student at the Institute of International Relations at University of São Paulo (IRI-USP), Brazil. (cassiamcosta@usp.br)

Rio+20 as a Two Level Game in Brazilian (Foreign) Policy

21 Mai

By Maurício Santoro[1]

When environmental issues entered the United Nations´ agenda, with Stockholm conference (1972), Brazil lived under a military dictatorship that considered ecological themes as rich countries´ hypocrisy, supposedly afraid of fast Brazilian economic growth or interested in the exploitation of the natural resources of the Amazon. These views changed with the return of democracy and the beginning of dynamic social movements dedicated to the environment and big transformations in public policy. However, Rio+20 will be held among serious controversy in Brazil over development and sustainability.

The new environmental conscience was symbolized with the mobilization around the tragedy of Cubatão, the city in São Paulo´s industrial belt that was for many years the most polluted in the world, with severe consequences to the health of its inhabitants. The admiration achieved by the labor leader of Amazon´s rubber extractors, Chico Mendes, was also representative of the new mood, even if it was not enough to prevent his murder by powerful landowners.

Several levels of government were created organs to take care of environmental themes, and the first civilian president after 20 years of military rule offered Brazil to be the host of the UN Conference on Environment and Development. Held in Rio de Janeiro, in 1992, it was a watershed for Brazil, by the adoption of the concept of “sustainable development”, invented a few years before by the Brundtland Commission (1987).  It put together three pillars – economics, society and environment  – and it was perceived by the Brazilian government as the way of conciliate economic concerns with the new social and environmental dimensions, symbolized by the goals of Agenda 21, signed in Rio.

The Controversial Environmental Issues on the Domestic Agenda

However, environmental movements faced many obstacles in Brazilian domestic politics. A Green Party was created, but it did not gain the same influence of its European homologues. Most of the left maintained the focus on issues related to labor-capital conflicts, leaving sustainability in second place. The right remained critical to environmental themes, considering that it would reduce economic opportunities to the country´s corporations, increasing their costs and diminishing their scope of action.

In the international negotiations on climate change, Brazil adopted the principle of “common but different responsibilities”, saying that the largest cost should be on the rich countries, and that developing nations should receive transferences of clean technologies. Until the Durban conference (2011) it refused mandatory goals to fight deforestation and climate change. Brazilian positions are understandable in light of the absence of commitments by the world´s top polluters, China and United States, but they have been a cause of frustration to the country´s activists, which hope that international treaties will “lock in” public policy commitments to preserve the environment.

As Brazil became an agribusiness superpower due to the global commodities boom, the political power of this sector increased, as well as the deforestation of the Amazon and the Cerrado to cattle-ranching and soya plantations. In 2011, a new version of the Forest Code was approved, one that reduces the exigencies of environmental protection and concedes amnesty for those who had deforested in the last years. The law is not yet approved by president Dilma Rousseff, and she is expected to veto at least some articles of the text.

The amazing rising of the new middle new class – about 40 million people arose out of poverty in the last decade – is wonderful, but is putting pressure on the environment. People are buying more cars (over 1 million per year just in the city of São Paulo, the biggest of the country), consuming more energy, and releasing more carbon. Brazil is already among the top 5 polluters of the planet, mostly by the effects of deforestation.

Another meaningful case is the building of the hydroelectric power dam of Belo Monte, in the Xingu River. Several social movements and indigenous groups are opposed to the project and launched judicial processes and street demonstrations. The Interamerican Commission of Human Rights of the Organization of American States recommended to the Brazilian government the interruption of the construction of Belo Monte, but the authorities refused the request.

The Search for International Alliances

Brazilian foreign policy has ambitious goals to promote the image of the country as a rising power. Since the 1990s, this idea includes an active role in environmental debates and Brazil see itself as a honest broker between rich and poor nations, solving conflicts and framing complex deals such as the agreements of Rio 92 and the Durban conference on climate change. Nevertheless, we may argue that Brazilian environmental policy is more progressive in its foreign face than in its domestic one.

Brazilian activists are aware of that, after several major defeats. They have been very organized in the international forums and global networks, using the foreign stage to put pressure on their government and to search for allies overseas. Although Brazilian public opinion is very sensitive on issues such as the sovereign rights of the country in the Amazon, it is also concerned about Brazil´s international image, particularly in the United States and Western Europe.

The civil society summit during Rio+20 is an important occasion for the consolidation and enlargement of many of these alliances. Brazilian activists will use the meeting to criticize and denounce their government, to exchange ideas with foreign colleagues and to build new ties with global networks.

But perhaps the most crucial effect will be pedagogic. There is a new generation of Brazilian youths which is the first one to grow under democracy, and polls shows they have a huge interest in environmental issues. With reasonable economic growth, low unemployment and falling inequality, such themes have a strong appeal to teenagers and young adults. Rio+20 will be a nice opportunity for them, and they can be the base of a new cycle of grassroots activism in the country.


[1] Journalist, PhD in Political Science. Professor at the Getúlio Vargas Foundation and Candido Mendes University, Rio de Janeiro.